La frontière à tout prix?

Le Tour de l’Isère… Parcourir « l’intégralité » et « d’un seul tenant » la frontière d’un département plutôt coriace. On aurait pu choisir les Vosges, ou l’Indre-et-Loire, voir le Finistère, mais le voyage local imposait de rester chez nous, du pas de sa porte jusqu’au pas de sa porte. Et puis Lionel Daudet lui, il l’a fait cette fameuse frontière, entre les Hautes Alpes et l’Isère, pendant son tour : la fameuse traversée des Écrins, depuis le Pic des Souffles jusqu’au Râteau, en passant par l’Olan, les Rouies, les Bans, l’Ailefroide, la Barre des Ecrins, la Meije,… Alors on y va, et au mètre près ! Des arêtes à n’en plus finir, plusieurs sommets par jour, des journées entre 12 et 15h, retour au point exact après les pauses, un beau défi sportif en vérité. Quelques parties bien moches et engagées, comme la traversée des Pics du Vaccivier, ou les arêtes après la Pointe du Sélé.

Et là vient la fameuse question : faut-il privilégier la performance ou le plaisir? Jusqu’à quel point faut-il prendre des risques? En fait tout commence à l’Ailefroide, avec la fameuse descente de Coste Rouge. On en a entendu parler de celle-là, on a gambergé, on y va on y va pas, etc… Et puis la raison prend le dessus, ce sera la traversée intégrale des Ailefroides, mais au diable cette fameuse descente, qui nous parait trop engagée. Alors viens la réflexion, comment veut-on poursuivre ce Tour de l’Isère? Pourquoi continuer scrupuleusement sur les arêtes et passer à côté de grandes voies magnifiques? Alors l’humain prend le dessus sur la frontière, et on sort du cadre. Nous ne sommes pas des super héros, nous ne sommes pas Lionel Daudet, c’est notre projet, aucune pression médiatique, voici l’heure de la métamorphose, du remodelage de la frontière façon Sentiers du Devenir ! Dans la recette on ajoute quelques grandes voies d’escalade, et pas des plus simples : « Le Toit de son maitre » au Pic Maitre (TD+), peut être « Mitchka » à la Meije (ED+) si on trouve des compagnons de cordée, « Action Directe » au Pic Nord des Cavales si le cœur nous en dit… Et puis pourquoi pas de la highline, du parapente, parce que avec la psychorigidité de la frontière, on l’avait oublié la partie multiactivité. On se recentre sur l’humain, avec le Pic Coolidge à 17 personnes, on prend le temps de convier plus de personnes sur le Tour, on privilégie l’esthétisme, et que celle ou celui qui veut combler les parties manquantes nous contacte pour participer.

Une autre de nos préoccupations est le temps : le Tour de l’Isère c’était à la base l’été 2016, juin juillet août, on boucle tout ça et on s’en va, un point c’est tout. Oui mais on avait pas forcément prévu la météo, l’absence de compagnons de cordée, la fatigue, etc… Et on se retrouve entre le 17 et 19 août à la Meije, alors qu’on devrait déjà être en Belledonne !! C’est grave? On est nul? Pas du tout ! C’est ça aussi la transition, savoir s’adapter au cas par cas, changer les plans au gré des vents, partir sur de nouveau horizons. Le Tour de l’Isère n’est pas fini, et bien tant mieux, cela comblera nos week-end de bonheur en septembre, octobre, et pourquoi pas novembre, pour continuer sur la frontière, ou à côté, tout cela avec plaisir. Nous sommes très contents des courses effectuées, de celles à venir, nous avons partagé des moments très forts avec des alpinistes, gardiens de refuge, autostoppeurs, chamois, copains, et c’est cela qui nous intéresse. La montagne nous permet de méditer les transitions naturelles et humaines, intérieures et extérieures, ça fait du bien de prendre le temps de concrétiser un rêve. Et comme d’habitude, on vous invite à nous y rejoindre, car un rêve ne se réalise jamais tout seul !

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Au sommet du Pic Maitre, après la première grande voie du Tour de l’Isère et « entorse » à la frontière

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